Usine

Gala retour­nait aujour­d’hui dans sa vil­la de la Côte-d’Azur. Et pen­dant que tu seras dans ta mon­tagne, je me baign­erai. Faux, elle ne se baigne jamais. Elle s’a­vance, met un pied dans l’eau, dit qu’elle ira une autre fois.
- En tout cas, je suis hors de moi, Aplo a volé mon mail­lot de bains dans ma valise! Et mes balles, il a aus­si volé mes balles!
- Quelles balles?
- J’ai des balles de riz.
- Et tu en fais quoi?
- Quand tu n’es pas là, je joue.
Avant d’aller pren­dre son train, elle se met en tête de récupér­er ce qui lui aurait été volé. La voici per­suadée de retrou­ver le mail­lot et les balles dans une cachette qu’Ap­lo aurait amé­nagé dans un usine désaf­fec­tée de Satigny. Elle exige que je lui des­sine un plan du bâti­ment. J’ex­plique: Aplo n’en­tre pas dans les étages, il grimpe par l’échelle du feu et monte sur le toit, il y a des édicules à ce niveau: arrivée des cages d’as­censeur, machiner­ie, tours d’air con­di­tion­né. Mais le jour où j’ai accom­pa­g­né les enfants, j’ai fail­li me rompre le cou: la police a scié les dix pre­miers bar­reaux de l’échelle pour inter­dire l’ac­cès à l’u­sine, il faut agrip­per à plus de deux mètres de hau­teur un morceau de tube, se bal­ancer et se hiss­er.
Le lende­main, sur l’Alpe, effrayée par les cochons, elle tourne la voiture, démarre, revient en arrière et par la vit­re bais­sée:
- Si j’ap­por­tais une chaise?