Les paysans font descendre les vaches. Quelques minutes plus tard, il neige.
Mois : septembre 2013
Brueghel
A Eriksnäs, dans le Nord d’Helsinki, notre maison de campagne n’avait pas l’eau. Nous la puisions en forêt, dans un puits. Un sentier filait à travers les myrtilles (il existe un peigne, mais avec les baies, on ne triche pas, il faut les saisir entre les doigts).Un ponton sur la lac permettait d’entrer dans la forêt par l’ouest nous croisions parfois un voisin venu en bateau remplir ses bidons. Non loin de ce puits, mon père à trouvé des cadres. Les ayant réparés, poncés et blanchis, il a peint sa première toile, un Magritte, L’homme au chapeau melon. Vingt ans plus tard, à Madrid, chaque dimanche, il s’installait à son chevalet et copiait Le triomphe de la mort de Brueghel.
Chevaux
Force inouïe de certaines inventions littéraires. Ces chevaux congelés sur le front de l’est exhalant un dernier souffle de glace: j’en entendais déjà parler il y a trente ans, dans les bars la nuit, lorsque s’ouvrait à nous, dans le désordre, la bibliothèque des parents. Hier, une représentante d’une maison d’édition évoque la scène; elle se souvient avoir lu cela dans Moravia. Kaputt de Malaparte, lui dis-je. Roman de guerre que j’ai feuilleté, que je n’ai pas lu. Mon interlocutrice non plus, j’imagine, mais les chevaux glacés, ces chevaux-là, tout le monde s’en souvient.