Ludwig Hohl dont j’ai apporté autrefois le volume de notes De la nature non-réconciliée à un éditeur de Paris qui un temps m’avait semblé honnête, m’apparaît a posteriori comme fortement influencé par Nietszche. Je ne saurai dire si cela le rabaisse. Mon impression de lecteur est mitigée : une forte curiosité, un début d’enthousiasme, puis la perplexité. Car ces recherches portant sur la morale, la philosophie, l’esthétique, servies par un langage péremptoire et obscur, échappent souvent à l’entendement. En revanche, sans que je puisse l’expliquer, leur caractère protestant, et peut-être suisse, me plaît. Le style hiératique et sans concession évoque une période révolue où l’artiste attaquait les problèmes avec la fougue de l’artisan. De même faudrait-il ajouter que la fonction spéculative de ces notes, vraisemblablement à usage propre et sans égard pour l’œuvre, en font un exercice plein d’enseignements. Autant dire que l’éditeur, une femme qui m’a fait cadeau en échange du formidable John Barleycorn de London, n’a pas dû en faire grand cas. Par ailleurs, personne dans mon entourage ne semble pouvoir me renseigner sur la cave genevoise où dit-on l’écrivain aurait vécu. A la fin des années 1980 je la situais rue David-Dufour, au pied d’un immeuble squatté où je dormais parfois lorsque je préparais mon entrée à l’université.