Les commentaires manquent, ou du moins je ne les connais pas, qui justifient le nom de peinture métaphysique attribué par la critique (a qui rien ne peut échapper) à l’œuvre de Giorgio de Chirico première façon et je le soupçonne d’avoir changer d’esthétique par simple provocation envers le monde savant. Mais si le jeu pseudo-architectural des colonnades grecques, les statues célébrant le vide et les têtes brisées expliquent l’emploi imagé de l’épithète métaphysique il trouve pour moi son application idoine au moment de décrire l’ambiance qui fond sur les villages de la Manche espagnole après le repas de la mi-journée (vers 16h00), lorsque les mangeurs engourdis de sommeil se retirent, que le soleil brûle des rues aux perspectives élargies et qu’il suffit de battre le pavé sur un ou deux kilomètres pour aboutir au pied d’une colline que coiffe un moulin. Une image d’Epinal. Oui, mais aussi l’expérience d’étés anciens à Valdepenas, Soria, Mascaraque, Majadahonda ou Avila lorsque mû par une velléité spirituelle, sorte de mise en scène volontariste du corps solitaire, je me mettais en marche par quarante degrés, et quittai la ville, bientôt récompensé, comme ce fut le cas en 1987, par la rencontre d’un paria de la poésie, hélas quelque peu malmené des drogues, qui instinctivement prisait ces mêmes heures au talent marginal.