Au marché

Au marché aux puces de Mauer­park. Piques-niques assem­blés sur une pelouse aux airs de ter­rain vague, désœu­vre­ment fes­tif. En 1970, près de Gdan­sk, les étals des marchands polon­ais offraient des objets de bois et de fer. Plus tard, au Ras­tro de Madrid, les gitans vendaient le fruit de leurs vols, cruch­es de terre blanche, licous, por­tillons rus­tiques. A Lis­bonne l’an dernier, sur le dit Feira da ladra, des rues étaient ouvertes aux citadins frap­pés par la crise qui expo­saient sur un bout de tis­su. Mais le temps passe. Les généra­tions qui pos­sé­daient des biens solides, trans­mis­si­bles, sont enter­rées et lorsqu’on déam­bule dans l’al­lée cen­trale du marché de Mauer­park, ce ne sont que babi­oles importées par des hip­pies des des­ti­na­tions chaudes où ils ont traîné savate pen­dant l’hiv­er: bracelets de Goa, batiks de Bali, patchs cousus main de Kath­man­du, cuirs pakistanais.