Curieux de l’intérêt que manifeste Calaferte pour les dernières pages du journal de Drieu la Rochelle dont il évoque la conscience glacée, je commande le volume en poche intitulé Journal d’un homme trompé (titre de l’éditeur?). Aussitôt pris à parti par Gala, je suis menacé des foudres si je persiste dans mon achat et interdit de lecture. Il est honteux de lire cet écrivain, hurle-t-elle. Je lui demande quels romans elle a lu. Aucun, dit-elle, mais est-il besoin de lire Drieu pour savoir? Je dresse un portrait du camarade de promotion de Sartre, Maurice Bardèche, précise son engagement, le distingue de celui de Brasillach dont je rappelle la travail de journalisme lors des jeux olympiques de 1936, cite le Journal d’Allemagne de Denis de Rougemont, en vient à Drieu. Je ne veux pas savoir, rétorque Gala, si tu emportes ce livre, je ne pars pas en vacances à Berlin!
Et le lendemain, dans un contexte autre, même furie. Nous réfléchissons à un voyage en Amérique centrale. Gala veut se rendre au Costa-Rica (que je sache sans raison). Je cherche une route qui nous ramènerai au Mexique où j’ai des amis à voir. C’est alors que je me souviens du Panama dont parle Paul Theroux dans Patagonian Express, mais pour représenter l’intérêt d’une visite j’ai le malheur d’évoquer ce que m’en disait mon amie Coréenne de Los Angeles.
- C’est très Américain…
Le mot m’a échappé. Je pensais à l’histoire du canal, à la colonie d’expatriés, aux enjeux stratégiques. Trop tard!
- Jamais je n’irai, crie Gala.
J’ouvre le dictionnaire, lui prouve que le pays est indépendant.
- …c’est ça! Et alors pourquoi ton amie aurait-elle dit que c’était Américain? Ce sera sans moi!