A la lec­ture d’une note évo­quant le car­ac­tère féminin du sym­bol­isme de l’oeuf, il me revient que j’en­trete­nais entre l’âge de 12 et 15 ans une col­lec­tion d’oeufs et, ce qui ne manque de m’é­ton­ner à ce sou­venir, c’est qu’il ait dis­paru de la con­science sans laiss­er la moin­dre trace pour ressur­gir aujour­d’hui. Par­mi les oeufs que je pos­sé­dais, je revois un spéci­men fruste et brun, ouvrage de poti­er, dont je ne ces­sais de me deman­der, en rai­son des irrégu­lar­ités de fig­ure et des coulures som­bres qui enrobaient son ven­tre s’il avait sa place dans une col­lec­tion priv­ilé­giant les galbes liss­es. L’o­rig­ine de la col­lec­tion fut le don par un ambas­sadeur en vis­ite à la rési­dence d’Helsin­ki d’une exem­plaire de nacre jaune. Mon amour-pro­pre avait été touché par ce cadeau. Du reste, si le principe de la col­lec­tion ne m’a jamais intéressé, j’en ai pra­tiqué de dif­férentes sortes, bri­quets, porte-clefs, et bien enten­du tim­bres que j’a­chetais au marché phi­latélique du same­di sur la plaza may­or de Madrid (mais dans ce cas me guidait l’idée de décrou­vrir un exem­plaire rare représen­tant le buste de Fran­co et coté selon mes manuels à 1 mil­lion de pese­tas). La semaine dernière ma mère insis­tait d’ailleurs pour que je lui donne l’au­tori­sa­tion de jeter les six cent boîtes de bières récoltées à tra­vers le monde entre 1980 et 2000.