Mon éditrice me trans­fère une invi­ta­tion à par­ticiper à un Fes­ti­val du ciné­ma fran­coph­o­ne. Je lis en copie l’ac­cusé de récep­tion qu’elle adresse au respon­s­able du fes­ti­val, un Parisien: je suis con­va­in­cu qu’Alexan­dre sera intéressé. Je suis face à la mer lorsque je prends con­nais­sance de cet échange, je viens d’écrire pen­dant deux heures, plus tard nous sor­tirons danser, tout va bien. Le ciné­ma fran­coph­o­ne? Je ne con­nais rien et ça ne m’in­téresse pas, du moins pas sous cette forme. Quelques jours plus tard, de retour à Fri­bourg, nou­veau mes­sage. Le directeur du fes­ti­val m’adresse un texte sur le fonc­tion­nement du jury et les modal­ités de tra­vail: les films vous seront envoyés accom­pa­g­nés de for­mu­laires répons­es afin d’y con­sign­er vos cri­tiques et attribuer une note. Pré­ci­sion: à ce jour votre présence le jour de la céré­monie de remise des prix à Dakar n’est pas assurée. Rémunéra­tion? Il n’y en a pas. Enfin il s’ag­it d’un cour­ri­er stan­dard. Le directeur s’est con­tenté d’y ajouter une phrase qui dit sa sat­is­fac­tion d’ap­pren­dre que je suis intéressé. Donc je suis un auteur suisse qui par­le de vach­es et de vélo et un Français qui ne m’a pas lu ni sol­lic­ité con­sid­ère sur la foi de l’ac­cusé de récep­tion de mon éditrice que je suis qual­i­fié pour juger du ciné­ma fran­coph­o­ne et, dans la mesure où le fes­ti­val se déroule au Séné­gal, du ciné­ma noir. Réponse bien sen­tie et aus­sitôt cour­ri­er du directeur : je com­mence à regret­ter de vous avoir sollicité.