L’en­vol pour l’Asie est prévu pour dimanche soir, il pleut, je suis malade, le livre sort demain et Mon­a­mi télé­phone: sor­tons! Aupar­a­vant, il me faut aller à Genève. Olof­so opérée du pied boîte. Luv a une audi­tion de théâtre au pont de la Coulou­vrenière. Je roule deux heures, passe dépos­er des affich­es au bureau, prend la file des frontal­iers en direc­tion de Satigny, embar­que la famille, dépose Olof­so et Luv, gare la voiture au bureau, rejoins le lieu de l’au­di­tion avec Aplo. Textes embry­on­naires de Gérald Chevro­let dans une salle exiguë, enfants ser­rés entre un piano élec­trique et un xylo­phones, à qui l’on a rien appris: ni à se présen­ter, ni à se mou­voir, ni à par­ler dis­tincte­ment. Mis­ère générale de l’é­cole sans autorité. La pau­vre Luv a deux répliques à dire. Au milieu de ce naufrage, un quatuor d’ado­les­cents inter­prète du Mozart avec génie: on croirait de la Güggen­musik. Nous lev­ons le camp. Retour à Satigny puis acci­dent sur la bretelle de Lau­sanne et pluie tor­ren­tielle. Blo­qué une demi-heure au-dessus de Mon­treux. La fiévre est mon­tée, je grelotte. Et bien­tôt, plus d’essence. Au tun­nel de la Gruyères, je rem­plis. Mon­a­mi a pris hôtel à Fri­bourg. Il attend. J’ap­pelle plusieurs fois, lui dis mon avance­ment. Il est près de 22 heures lorsque je com­mande la pre­mière canette de bière dans la salle à boire de l’Hô­tel Elite, en face de notre apparte­ment. Pres­sion tiède au milieu d’un groupe de noirs. Clients et serveur. A minu­it, sous une pluie bat­tante, Mon­a­mi insiste pour que je l’amène à la voiture et lui mon­tre ma nou­velle arme. Le lende­main, le temps de pré­par­er le sac à dos, deux tablettes, deux télé­phones, un appareil-pho­to, un cahi­er, la corde à sauter, un T‑shirt, et nous par­tons pour Genève. Je bloque la res­pi­ra­tion, avale un cachet, ne pas être malade avant dimanche soir. Mon­a­mi a loué une cham­bre d’hô­tel aux Pâquis. La récep­tion­niste, française, étrangère demande la réser­va­tion, la preuve de paiement, les passe­ports, les dates de nais­sance et enfin le lieu de la nais­sance.
- Cela ne fig­ure pas sur les papiers d’i­den­tité.
- Ordre de police.
Puis elle se met en devoir de nous expli­quer les vis­ites de la ville.
A 17 heures, à la Fonderie Kugler — prés des anciens locaux que nous util­i­sions dans l’U­sine squat­tée — pour le vernissage de 45–12, retour à Arava­ca. Présen­ta­tion amu­sante de Stéphane Fretz, vente de livres, ver­rée, con­cert. A minu­it, la tête dans l’é­tau, la gorge prise, après avoir mangé une piz­za rue Carl Vogt dans un restau­rant de jeunes mal­heureux, je me couche. Dimanche, seul dans al cham­bre des Pâquis, état sec­ond, vis­age fripé, tête grosse. Mon­a­mi vient de pren­dre le train pour le Valais.
Je suis atten­du à 15 heures à Lau­sanne pour une séance de pho­togra­phie. L’avion pour Bangkok est à 20 heures. Plus que quelques heures. Puis je me reposerai. J’ap­pelle Gala. Six jours qu’elle n’a pas quit­té l’ap­parte­ment de Fri­bourg.
- Je ne viens pas, je suis trop fatiguée, pars seul.