A mes yeux l’Es­pagne a longtemps été le pays des ter­rains vagues, des ter­res brûlées et des hameaux,  des par­celles vides et des pâtures sans bétail. S’y ajoutent aujour­d’hui les chantiers arrêtés. Ces espaces com­mu­niquent un fort sen­ti­ment de lib­erté. Dès l’age de douze ans je plaçais plus haut que tout autre loisir la prom­e­nade à tra­vers ces lieux et les mer­cre­di, jours sans école, j’a­chetais des bon­bons pour inciter mes amis à me suiv­re jusque dans ces par­ages où je les égarais. Pour quit­ter un vil­lage en Castille, il suf­fit de suiv­re une rue à son terme: à la dernière mai­son com­mence la nature. Je sus­ci­tais alors une dis­cus­sion et nous allions ain­si pen­dant des heures, per­son­ne ne songeant à ren­tr­er à la mai­son, où il eut fal­lu inven­ter un jeu, ce comble de l’ennui.