Mois : février 2011

A la gare de Chi­ang Mai les par­loirs sont sig­nalés à une hau­teur de 1,30 mètre.

La cloi­son de bam­bou trem­ble sous les assauts du cou­ple qui vit dans la cham­bre 32.

Des heures à moto par les rues de Chi­ang Mai, ville sans intérêt dont on se demande com­ment elle attire tant de touristes. Nos casques nous don­nent un air de tortue, je psrte les Ray Ban vieilles de trente ans que m’a cédées mon oncle. Gala me tient par la taille et me com­mente les rues comme s’il n’y avait aucun risque que le moto plonge dans le canal. Un peu plus tard, nous sommes perdus.

Hier dans un bar que les clients rejoignaient à bord de pirogues.

Cette gamine qui embrasse Gala à pleine bouche parce qu’elle vient de la rencontrer.

Elle por­tait de grandes culottes. J’avais le sen­ti­ment de me met­tre à table.

Résis­tance à celui qu’on aime afin de véri­fi­er son ego — lequel sera détu­it si l’a­mant se retire.

Ce jeune cou­ple de voyageurs avec qui nous buvons près du marché de Chi­ang Rai. Si raisonnables. Bonnes opin­ions, idées mesurées, pro­jets retenus. Donne envie de cass­er des chaises.

Liens à autrui si ténus que je m’en inquiéterais si j’en souf­frais. Non le pourquoi ( dés­in­térêt, isole­ment géo­graphique) mais le com­ment vivre ce fait. Amis avec qui la rup­ture, con­som­mée suite à des con­flits d’idées, en dépit d’un pos­si­ble retour (si je ne crois pas à la pitié, je crois au recom­mence­ment) sont passé à l’anony­mat, per­son­nes aux­quels je ne me rap­porte pas faute d’én­ergie (et d’abord de dis­tance), per­son­nes pour qui j’ai de la sym­pa­thie, mais qui n’ex­is­tent pas pour autrui, qui se can­ton­nent dans leur tam­bour à lessive, d’autres encore, dont on doute si on sera mieux en leur com­pag­nie, tout cela opère une réduc­tion de la vie.

Elle est assise face à la rue, dans un bar du canal, devant une table basse chargée de bois­sons et de chaque côté, dans des fau­teuils, un homme. Tous deux prévenants et désireux. Elle se tourne vers l’un, qui insiste mieux, par­le plus fort que l’autre ges­tic­ule, occupe le ter­rain. Et puis il se lève pour se ren­dre aux toi­lettes et c’est au tour de l’autre, elle se tourne vers l’autre. Autant l’un est vif (celui qui s’est absen­té), autant l’autre (celui qui est resté) est engoncé. L’un, petit, brun, méditer­ranéen, peut-être du Maroc, l’autre nordique, à mâchoire prog­nathe. Deux fig­ures antoniques du mâle. L’un côté clan, con­sil de famille, viril­ité, fan­taisie, l’autre côté foy­er, ennui, tra­vail, sécu­rité. Le manège dure. Le petit brun tient la dis­tance, mais paraît s’es­sou­fler. Je me demande qui va l’emporter; je me demande encore si, par dessus-tout, elle ne souhaite pas qu’au­cun n’abandonne.