Une tasse de café à la main je me promène dans le jardin. A l’hori­zon les Alpes ce matin sont invis­i­bles, il y a du soleil sur la pente qui mène au Rhône, la mai­son est soli­taire. Aupar­a­vant, assis sous le poiri­er, con­cen­tré sur le petit-déje­uner, je ne voy­ais pas. Ce qui est vaste prof­ite à l’e­sprit, s’il ne vous appar­tient pas. Un vaste jardin est une erreur. Plus les choses que nous pos­sé­dons sont éloignées du corps, plus elles nous décen­trent. La chemise et le pan­talon sont des pro­priétés cer­taines, un jardin, un ter­rain, c’est loin­tain. Mais je n’ou­blie pas que j’ai acheté ce vaste jardin pour écarter les autes. Pas d’homme qui y vienne, pas de bruits, pas de ville, pas de mécanique. Et toute la val­lée par­ticipe à ce sen­ti­ment de sépa­ra­tion. le Jura aus­si, penché sur la mai­son, vert, noir et puis­sant. Se trou­ver seul. Etre seul pour se trou­ver. Encore faut-il espér­er que la ren­con­tre comblera l’at­tente. Incer­tain, on se tourne vers le jardin, on y fait une prom­e­nade sa tasse de café à la main, on se rap­proche de ceux qui y vivent, les plantes, les oiseaux, l’herbe.