Mois : avril 2009

D’une activ­ité qui ne sol­licite ni le corps ni l’e­sprit, il n’y a rien à dire. Du tra­vail dans sa forme actuelle, au con­traire du métier.

Un coup de pédale à gauche, un à droite, voilà qui désarçonne l’in­ter­locu­teur. Il faut voir que c’est ain­si qu’on va droit.

A celui qui pro­fesse des cer­ti­tudes, il faut un bouc-émis­saire. Rejet qui lui sert d’idéolo­gie. C’est la pomme qui croît autour du pépin. Il sait que le monde ne peut être for­cé, qu’il débor­de, mais ne veut l’ad­met­tre. Ce n’est pas de la poli­tique, c’est une incli­na­tion du car­ac­tère pro­duite par la peur.

Ce matin, un petit brouil­lard dans les pieds, je vais tra­vers­er la France.

“Das ist”, dit le philosophe devant la mon­tagne. Parole admi­ra­tive qui con­fine au silence. Devant cette chose énorme, sta­ble, trop vaste pour l’en­ten­de­ment, quoi d’autre?

Les morales con­traintes, fauss­es, légères, les morales d’ap­pa­rat fondées sans rap­port à la tran­scen­dance aug­mentent nos pul­sions, nous tour­nent comme des girou­ettes, au final lais­sent le coeur exsangue. En elles l’e­sprit se résorbe.

La folie est partout, Plus une activ­ité dont le mod­èle ne soit fou, c’est pourquoi il est malaisé de s’en apercevoir. Rel­a­tive­ment, on ne peut pas ou mal.

Si on vous dit d’a­vancer, reculez. Si on vous dit de reculer, reculez. Si on vous dit de par­ler, taisez-vous. Si on vous dit de vous taire, taisez-vous. N’a­vancez, ne par­lez que seul à seul.

Les textes clas­siques qui nous vien­nent du passé auraient pu être autres si d’autres textes — ceux qui ont été détru­its et per­dus — nous étaient venus du passé et alors notre cul­ture eut été autre. Nous dépen­dons autant de la créa­tion que de la destruction.

Jumelles rogues de Seyssel. Elles ont qua­tre-vingt ans à elles deux. Le cheveu ras, l’ac­cent braqué, elles par­lent pour la rue qui d’ailleurs est vide. Seize heures. Devant galopent leur chien. Il va vers le pont du Rhône. Sous la stat­ue de Notre-Dame, un mètre et quelques de plâtre, les arabes. Arrêtés, pan­tou­flards, ne fument pas, ne boivent pas, ne font rien, ne sont pas grand-chose. Sont là. Du côté de l’Ain, la boulan­gerie Bour­geois. La patronne, bonne femme blonde, prospère et souri­ante, a grossi. Plus loin, dans sa suc­cur­sale, le ban­quier en jeans. D’habi­tude il explique à un client com­ment intro­duire une chèque dans une enveloppe ou dans quel sens il faut tenir sa carte. Lorsque je retourne dans la rue, ma dent réparée, je croise encore les jumelles. En voiture cette fois. Il s’ag­it d’une voiture blanche sans pare-brise dont l’al­lure rapelle une auto-tam­pon­neuse. Cha­cune avec un tatouage au biceps. Sur la ban­quette arrière le chien.