Jumelles rogues de Seyssel. Elles ont quatre-vingt ans à elles deux. Le cheveu ras, l’accent braqué, elles parlent pour la rue qui d’ailleurs est vide. Seize heures. Devant galopent leur chien. Il va vers le pont du Rhône. Sous la statue de Notre-Dame, un mètre et quelques de plâtre, les arabes. Arrêtés, pantouflards, ne fument pas, ne boivent pas, ne font rien, ne sont pas grand-chose. Sont là. Du côté de l’Ain, la boulangerie Bourgeois. La patronne, bonne femme blonde, prospère et souriante, a grossi. Plus loin, dans sa succursale, le banquier en jeans. D’habitude il explique à un client comment introduire une chèque dans une enveloppe ou dans quel sens il faut tenir sa carte. Lorsque je retourne dans la rue, ma dent réparée, je croise encore les jumelles. En voiture cette fois. Il s’agit d’une voiture blanche sans pare-brise dont l’allure rapelle une auto-tamponneuse. Chacune avec un tatouage au biceps. Sur la banquette arrière le chien.