Don­ner sur le le salon du livre le point de vue de l’écrivain. Pour bien dire, de l’écri­t­ure. Et que voit-on? La défaite de ce qui porte l’écri­t­ure : le tra­vail, l’in­spi­ra­tion, la résis­tance. Pour occu­per le ter­rain: des sauciss­es, de la musique, des bal­lons, des piles de mag­a­zines, de téléviseurs. Une foire et l’en­vie de ren­tr­er chez soi ou, tétanisé, l’en­vie de demeur­er là où on est par­venu, devant ou der­rière un stand de livres.
Après quelques ver­res, je fais un pas, puis deux. Daniel de Roulet est sur l’estrade. J’ai fail­li ne pas le voir or je ne l’ai jamais vu. Poignée de main, il y a des let­tres entre nous. Je soulève son livre et par hon­nêteté le repose: que puis-je en l’oc­curence ?
- Vous avez signé?
- Non… non.
Je lui con­firme que moi non plus l’an dernier… ou le précé­dent. Nous avons la fonc­tion des épou­van­tails, attir­er le regard sur un point pré­cis du champ.
Nous dis­cu­tons alors course à pied et vélo. De Paris aus­si, la ban­lieue tra­ver­sée à pied et dont cha­cun de nous a tiré des textes, approche très suisse.