Les dents. A tra­vers le brouil­lard, par­mi les pié­tons qui se hâtent, nous cher­chons le lab­o­ra­toire des dents. Je con­duis, je lis les numéros aux façades des immeubles, il est tôt, sur les sièges arrière, les enfants som­no­lent. Il faut retourn­er au gira­toire, repren­dre la direc­tion de Meyrin, je quit­tais la cité quand Aplo a dit “c’est ici qu’on est venu avec maman”. A Meyrin. Je me gare où je peux, nous con­tin­uons à pied. C’est une entrée d’im­meu­ble à toutes pareilles, le den­tiste nous attend dans un local qui dans le plan ini­tial devait servir à entre­pos­er des vélos. Je tends les cartes qui autorisent mes enfants à être soignés par la médecine d’E­tat. Salle d’at­tente. Au bout d’un moment la den­tiste appelle notre nom de famille.
- Qui veut pass­er le pre­mier? je demande.
Aplo.
- Tu peux y aller seul?
Il y va. Luv reprend la lec­ture de sa bande dess­inée, je lis des mag­a­zines intéres­sants: “Vue images”, “Gala”.
Plus tard nous rejoignons le lieu des opéra­tions. C’est au tour de Luv de pren­dre place dans le fau­teuil à moteur. Tout va bien. Con­trôle, con­seils. “Tu as bien soigné tes petites dents”. La den­tiste déballe trois bross­es à dents, nous les remets. Elle ouvre un tiroir, en tire la tête d’un squelette, entre­prend de lui bross­er les dents. En ligne, Aplo, Luv et moi imi­tons le mou­ve­ment de la brosse que tient la den­tiste. Mâchoires du haut sur les dents, en rond, puis en bas! en bas! Mâchoire du bas, con­tre les dents, en rond, puis en haut! en haut!
Après avoir déposé les enfants à l’é­cole et remis les cartes bleues à la maîtresse pour prou­ver que je ne les ai pas ocu­upé à quelque chose d’il­lé­gal, je reprends le volant et passe ma langue sur mes dents: elles sont propres.