Printemps

Derniers jours d’un long tra­vail d’écri­t­ure. L’ar­bre est élagué, j’ai coupé l’herbe. Il pleut. Au jardin, il reste 800 kg de bois, j’ai en cave un demi-plein de mazout. Ce matin, pas besoin de pren­dre place à table, de pour­suiv­re ou de repren­dre l’es­sai (G&G). Il repose. Un café, une bière, des noix, je lis un peu sur les désor­dres du monde. Der­rière les Pyrénées, la France s’ef­fon­dre. Ici, le silence règne. Les oiseaux sont revenus. Je les écoute. J’é­coute Slim­Lord, Tod Rund­gren et Still Cor­ners, je cui­sine de la viande. La viande est de plus en plus mau­vaise. Les crus­tacés, c’est pire. Ils arrivent en avion. Je m’en­t­hou­si­asme pour les légumes et le vin. Ils ont l’odeur de la terre locale. En fin de journée, arrive par mail un ques­tion­naire. Une revue s’in­téresse à mon théâtre. Est-ce que je me sou­viens encore d’en avoir écrit? Je réponds avec cour­toisie et con­ci­sion. Le lende­main, le rédac­teur de cette Let­tre du théâtre romand demande : “vous ne voudriez pas en dire un peu plus, que l’on sache qui vous êtes?”.

Fonction

Il n’y a pas d’is­sue. Je sais pou­voir la trouver.

G&G

Tra­vail con­tinu sur l’es­sai Gou­ver­nance et Gam­ing. Les heures sont comp­tées, répar­ties, hon­orées. Et je peine, je fatigue. Passé les lec­tures de ma petite bib­lio­thèque, je pen­sais me débar­rass­er de l’écri­t­ure en trente jours. Main­tenant il faut tout recon­sid­ér­er. Les raison­nements sont potach­es. Aus­si me tiens-je à mon horaire de potache: lever à 10h24 (rythme biologique), je m’assieds au bureau à 12h00. Là je coupe l’in­ter­net car j’ai ces jours des sif­fle­ments dans l’or­eille cat­a­strophique qui en font une cav­ité sanglante et je me mets à mes phras­es. Deux heures plus tard, j’ar­rête. Je cui­sine. Des légumes, surtout des légumes, encore des légumes. Avant de repren­dre les cor­rec­tions, j’al­lume le feu. Fin d’après-midi, quand baisse la lumière, je soulève des poids ou je fais du vélo, ou encore je rejoins au vil­lage les voisines qui font des Pilates (mar­di et jeu­di). Puis c’est la bière, l’é­coute poli­tique du monde, le chantier des perdi­tions, et enfin il est minu­it, je vais au som­meil, et je prends avant de plonger dans le noir quelques notes pour le redé­mar­rage matuti­nale des prochaines cor­rec­tions ou je lis Simenon, Stiegler, Gorki. 

Suisse

La Suisse est le seul pays au monde où la petitesse est un gage de réussite.

Europe

Ce que la représen­ta­tion à Brux­elles pro­pose aujour­d’hui, c’est un pro­gramme de vie artificielle.

Essai

Ecrire un essai c’est comme aller chercher une pierre par vingt mètres de fond. Il faut que l’on voie la pierre. Que l’on puisse suiv­re ta plongée. Que tu rap­portes la pierre et que l’on puisse véri­fi­er que c’est la bonne pierre.

Philosophie

La philoso­phie est plus intel­lectuelle qu’in­tel­li­gente. Elle établit des liens qui n’ex­is­tent pas. Ce faisant ils existent. 

Degrés

Parce que l’homme me pas­sionne mais les gens me lais­sent indif­férents, je ne peux espér­er vivre de l’écriture.

Code

Le lan­gage con­stru­it un monde idéal. Le quo­ti­di­en un monde réel. Ce qui fait de nous plus qu’un ani­mal c’est la capac­ité à met­tre l’un en rap­port avec l’autre.

Musique

Ce que l’on regrette ce sont les moments d’har­monie, mais ils n’ex­is­tent dans le sou­venir que parce que le sen­ti­ment du manque les rend harmonieux.