Eau

Bain dans l’Ara qui coule en bord de ter­rain une eau chaque jour moins froide. Quelques pier­res plates vis­i­bles dans la trans­parence ser­vent de march­es. Vaste à cet endroit le lit bute sur les galets et fait tres­sauter le courant. Lorsque le corps est immergé, il suf­fit de reculer un peu pour que les eaux blanch­es jail­lisse à hau­teur de tête. Des traces de l’in­cendie de brous­saille qu’Evola a allumé il y a deux ans sont encore repérables sur les cail­loux de la berge. Pour attein­dre ce lieu que nous appelons les “bains”, nous emprun­tons de la porte ouverte dans la clô­ture un sen­tier d’une main de large. 

Dialogue et nuit

L’im­mense sol­lic­i­tude d’un monde plein de beauté qui com­mande la con­tem­pla­tion, le retrait et enfin l’heureuse mort.

Européennes

Demain les Européens votent pour légitimer la dic­tature de la Commission.

Secret

Le lieu le plus secret au monde: où je me tiens lorsque je ferme les yeux et que dis­paraît tout autre vivant.

Expédient

Vous savez que vous ne savez rien et ne voulez pas le savoir; dès lors toute idée vous est bonne.

Pardon

Certes le par­don est une force. Mais il con­serve sa faib­lesse à la faib­lesse qu’il pardonne.

Lecteurs

Que c’est un effort d’écrire dans le vide car bien que l’on se per­suade du con­traire on ne rebon­dit véri­ta­ble­ment que sur un obsta­cle qui n’est pas d’imagination.

Limites

Par­ler de l’ex­tra­or­di­naire c’est d’abord par­ler de manière extra­or­di­naire (Thérèse d’Ávi­la, René Guénon, Car­los Castaneda).

Accueil

Zone d’ac­cueil post-mortem: la foule du métro de Tokyo à l’heure de pointe.

Légende

Les gâteaux d’an­niver­saire n’avaient pas de forme. Dif­fi­ciles à trans­porter, ils flot­taient. Quand les bou­gies met­tent le feu à la crème, la famille pleure. Avant la nuit, grand-père cas­sait les chais­es. Par­fois (en 1980 et 1991) les tantes repre­naient vie. Elles se sou­ve­naient avoir assisté par le passé à des scènes de ver­tige. De leur voix aigres elles dis­aient: “rien n’a changé au cours des siè­cles, le gâteau souf­fre de la malveil­lance des années où les aïeuls lut­taient avec la forêt”.