Journal d'inconsistance

Vacances agendées, fes­ti­val lib­er­tarien du Wis­con­sin (Etats-Unis): bière, rock, tir, sexe.

Pro­grès con­stant de l’al­coolisme, ici, sur la montagne.

Au tiers-monde, soit le reste entier du monde, main­tenant que nous opérons à par­tir d’îlots occi­den­taux démo­graphique­ment péjorés, nous devri­ons, nous la généra­tion qui anticipe l’ef­fon­drement du cap­i­tal­isme à but social, apporter avant l’é­clate­ment de la guerre totale, dévas­ta­trice et absurde, de véri­ta­bles con­nais­sances de recon­struc­tion : autrement dit, une désal­ié­na­tion des fauss­es utopies ain­si qu’une méfi­ance envers les pou­voirs tra­di­tion­nels d’usurpa­tion, nôtres comme leurs.

Qua­tre mil­lions et demi de Suiss­es en Suisse. Voilà qui per­met de ramen­er de l’air. Alors seront bien­venus les étrangers. En vis­ite. C’est d’ailleurs la règle dans leurs pays.

Plus on avance, plus c’est flou. Plus c’est flou, moins on avance. Stratégie de pou­voir — millénaire.

Vous pour­rez pro­duire, sans voir per­son­ne; acheter, sans voir per­son­ne; fêter, seul; par­ler, sauf à vous faire enten­dre; écrire, sauf à pub­li­er, vivre, sauf à men­ac­er le pouvoir.

La com­mune de Fri­bourg adresse à ses clients, locataires de locaux publics, un aimable cour­ri­er leur sug­gérant de réclamer, au titre de l’épidémie, l’an­nu­la­tion du loy­er. Mesure généreuse qui mérite d’être soulignée. Si je m’en tiens aux rap­ports entretenus depuis vingt ans avec les Villes de Romandie, la palme du mépris et de l’im­bé­cil­lité revient à Lau­sanne, celle du bon sens et de l’aménité à Fribourg.

Par­ler, il faut par­ler. Pas plus, mais mieux, et face à face. Les bars, bas­tion de la lib­erté, on y boit et on y par­le. Prix, à baiss­er. Qual­ité de l’al­cool, l’amélior­er. Horaire, à élargir. Musique, à désin­dus­tri­alis­er. Fête, con­fi­dence, sédi­tion, relançons l’in­tel­li­gence du peu­ple! Assez du joug des ayants-droits!

Très peu de mou­ve­ment, un ralen­ti. Dans les mon­tagnes proches de l’im­meu­ble, des étu­di­ants asi­a­tiques, ils  rasent les murs, on ne peut les saluer, encore moins s’en­tretenir. Il pleut. Le brouil­lard monte, la ter­rasse dis­paraît. J’at­tends l’an­nonce d’une éventuelle réou­ver­ture des fron­tières. Cepen­dant, je cor­rige Naypyi­daw et m’imag­ine vieil­li, ren­du à demeure, faisant ce que je fais, écrire, mais seul tout à fait, ne faisant que cela, sup­primées les cours­es, les soirées, les tra­ver­sées à vélo. Au télé­phone, C. me dit, “on aura prof­ité!” — ou est-ce moi qui dis cela: c’est moi. Lui: “après les années 1980, 1990…”. Il a rai­son, le début de la grande faib­lesse, de la bêtise sys­témique (j’emprunte à Stiegler), la fête des couleurs et l’anal­phabétisme indus­triel com­men­cent dans les années 2000. Moi, aujour­d’hui, l’avenir, n’é­tait-ce pour les enfants, j’en penserai ce que j’en pense. Fumerie d’opi­um dans la ban­lieue de Vien­tiane et lit­téra­ture mineure sur la table à pipe. Car il faut entr­er dans la vie prochaine en toute sérénité.

Télévi­sions nationales: la chi­noise filme des Chi­nois; la Qatari, des Qataris; la Mex­i­caine, des Mex­i­cains. La Suisse, des noirs et des musul­mans; l’Es­pag­nole, des noirs et des Chi­nois; la Française, des noirs et des musul­mans. Dif­férence entre ceux qui prô­nent la mon­di­al­i­sa­tion, la maud­is­sent, ceux qui l’ai­ment, la revendiquent.