Sur la montagne

For­mi­da­ble Chochil ce dimanche. Tout le vil­lage est dans les rues. Con­cert de Klax­ons, orchestres, jon­gleurs, marchands de glace, de cac­a­houètes, de mangues, clowns et familles en habits et au-dessus des toits les fumées des broches à poulets, fours à pain, braseros de porc, gril­lades de chori­zo. Comme il se doit, après le goûter, tout ce monde reprend la route en direc­tion de Bogo­ta et notre bus reste blo­qué deux heures dans un embouteil­lage qui ser­pente sur les val­lons, tombe la nuit, ce dont se félicite LM car je pour­rai pho­togra­phi­er les lumières de la ville. Déposés en périphérie, LM me presse de marcher sans regarder alen­tour. Sor­tis de la zone de dan­ger, nous butons sur un bar­rage de police. Dans un square silen­cieux se tient un man­i­fes­ta­tion sans man­i­fes­tants (ils sont ren­trés se couch­er). Nous tra­ver­sons l’an­ci­enne Bogo­ta, celle des Espag­nols, comme ferait des chats aux heures gris­es, car nous sommes absol­u­ment seuls et nulle part il n’y a trace de vie, et soudain, à croire qu’un éclairag­iste vient de déclencher ses feux, tout est illu­miné et des mil­liers de per­son­nes sont dans la rue à boire, fumer, danser, hurler, c’est la place Boli­var, lieu de fon­da­tion de la ville (pre­mières pier­res d’ El Dorado).