Bogota

Quarti­er de la Can­de­lar­ia, immeubles courts sur des pentes raides. Blanche sur la hau­teur, acces­si­ble par le téléphérique, la basilique de Montser­rate. LM vit dans un apparte­ment en attique. La moitié occupe le dernier étage du bâti­ment, le reste est pris sur le ciel, fait de bois de récupéra­tion, de plas­tique de récupéra­tion, d’ob­jets trou­vés. Le tout est défendu par sept ser­rures: pre­mière porte sur l’ex­térieur, une ser­rure. Sec­onde, celle du couloir d’ac­cès à l’im­meu­ble, une ser­rure. Et la porte de l’ap­parte­ment cinq ser­rures, un casse-tête à com­bi­naisons vari­able. Comme l’élec­tric­ité a lâché, il faut éclair­er à la torche le trousseau héris­sé de clefs. Le soir où j’ar­rive, l’eau est coupée. “Repré­sailles du gou­verne­ment”, dit LM. Règne dans l’ap­parte­ment un désor­dre proche du chaos. Dif­fi­cile de pos­er quoi que ce soit, ne serait-ce qu’une tasse, tous les plans sont occupés. Je mets mon sac à terre. Par­ti ce matin à 5h30 de Guatemala-ciu­dad, j’ai faim, j’ai soif. Nous man­geons un steak dans la rue cen­trale (cela ne veut rien dire). Aupar­a­vant, il faut tra­vers­er un marché aux puces mis­érable. Mil­liers d’ob­jets défectueux exposés sur des morceaux de toile jetés sur le sol par des indi­gents. Restau­rant pour faux-rich­es: le per­son­nel vous envie, les clients exis­tent à tra­vers cette envie. Excel­lente viande de bête. Patates créoles façon amandines. Et le tin­ta­marre habituel, et l’ab­sence de lumière qui fait intime. Au retour, arrêt chez une vielle dame encavée dans un bas d’im­meu­ble qui vend de l’épicerie et de l’al­cool, et retour dans le chaos de LM.