Pompes

La voi­sine, au loin, au fond de son jardin. Vieille dame chenue le men­ton sur la poitrine. Elle a un livre sur les genoux? Elle lit? Dans mon jardin, sous le prunier, je fais des pom­pes, je souf­fle, je ahane. La vielle dame le men­ton tou­jours sur la poitrine mais je ne vois plus le livre. Tombé à ses pieds? Elle ne bouge pas sur la chaise. Elle a cal­culé sa posi­tion. Un ray­on de soleil donne sur sa tête blanche. Bien­tôt, me dis-je, je serai comme ça. Et je fais des pom­pes, encore des pom­pes. Oui, bien­tôt, je serai assis à atten­dre la mort. Ce que cela me fait? Rien. Je fais des pom­pes. Puis je sors du prunier, je m’a­vance vers la bar­rière. La vieille dame est en vue. Je salue de la main. Je crie: “oh la!”. Aucune réac­tion. Rien. Je me remets aux pompes.