Automne

Grand silence. Fontaine au loin, som­meil aidé — j’ai avalé pour tenir la dis­tance, éviter de longues plages dialec­tiques, à se per­dre et se chercher, de la méta­do­line. Endor­mi, je pense : “ça ne marche pas ce truc, je ne dors pas”. D’ac­cord, je suis fatigué. Donc je peine à trou­ver le som­meil. Avant de don­ner same­di huit heures de cours (défense, évac­u­a­tion, refuge), l’estom­ac per­foré par une tranche de cabil­laud dans son huile, je n’ai pas fer­mé l’oeil. Alors je récupère. Et j’ai mal partout (la par­tie pieds-poing du cours). Rêve qui tourne au cauchemar qui tourne au rêve. J’ap­prends à con­naître mes amis. Cer­tains que je n’ai pas vu depuis vingt ans. D’autres qui ces jours ne me font pas réponse mais, dans le rêve, avouent des traits de car­ac­tère que je ne con­nais­sais pas. Soupçon­nais. Traits qui sont étranges, dan­gereux. Je me ren­dors. Est-ce que je dor­mais? Cela va mieux. Beau soleil. L’oiseau est de retour. Il sif­fle. Je sif­fle. Nous cau­sons. Le matin, mais il est déjà tard, je me décide à cor­riger le pam­phlet. D’abord au jardin, alors que l’ou­vri­er fraise le por­tique de notre église, l’ou­vri­er est sous les nuages, au-dessus de la mai­son. Puis à mon bureau, ravi d’être aus­si out­ranci­er. Le pam­phlet, plus facile que l’es­sai. Dif­fi­cile d’écrire dans les règles de la rai­son. D’ailleurs! “Gou­ver­nance et gam­ing”, envoyé ici et là et encore et à mon édi­teur habituel, pas de réponse, pas même un accusé de récep­tion. Le monde, plat comme un marché où per­son­ne n’ose plus pub­li­er son opin­ion, dire sa posi­tion, revendi­quer son idée.