Mois : juin 2024

Progrès

Chaque porte de chaque pièce ouvre sur une autre pièce munie de portes qui ouvrent sur d’autres pièces. Le pro­grès est une solu­tion. Ce n’est pas la bonne solu­tion. Lorsqu’on a ouvert des dizaines de portes, l’on s’aperçoit que si les pièces ne sont pas toutes iden­tiques elles sont toutes les mêmes. La solu­tion est de renon­cer à ouvrir les portes, de s’in­staller dans une pièce et bien qu’elle soit vide, d’ex­plor­er son contenu.

Vision

Dans le ciel au-dessus de pan­neaux sans sig­ni­fi­ca­tion, un objet qui n’a ni forme ni matière.

Futur simple 2

Lorsque je me relèverai, j’au­rai à tra­vers­er la route. En face, le chemin est de terre. La plaque dit (je viens de le véri­fi­er au cours d’une autre prom­e­nade), “rue des des épines”. Espérons qu’il ne pleuve pas à l’heure où fini­ra ma mort. La pente est raide.

Ce que je me dis

Sûre­ment je décou­vri­rai quelque chose cette nuit.

Convoi

Pen­dant plusieurs jours le train filait sans s’ar­rêter puis il s’im­mo­bil­i­sait soudain en rase cam­pagne et ceux qui juraient de s’ex­traire des wag­ons à la pre­mière halte regag­naient sage­ment les sièges.

Nul n’aime

Nul n’aime qu’on lui rap­pelle que s’il manque de temps c’est qu’il craint la liberté.

Efficace

L’épou­vantable pro­lé­tari­sa­tion qu’au­ra pro­duit comme tout régime qui « marche » le capitalisme.

Futur simple

Après avoir cor­rigé pen­dant des heures mes para­graphes sur le raison­nement analogique chez les Cybernéti­ciens, je suis sor­ti me promen­er dans le dernier soleil. Près de la riv­ière Mili met­tait ses mou­tons à l’en­c­los. Je suis remon­té par la route. Les pre­mières hiron­delles planaient bas. Arrivé devant le cimetière de l’église, j’ai pen­sé : je serai là. Tourné vers la plaque de rue qui gravie la mon­tagne, face aux tombes, j’ai lu. Si je me relève, je me sou­viendrai du nom, j’i­rai dans la bonne direc­tion. Main­tenant que je prends cette note, j’ai oublié le nom de la rue.

Oreille 3

Si l’on pou­vait échang­er ses maux, je céderais volon­tiers mes acouphènes con­tre quelque affec­tion moins sonore, car si j’aime le bou­can j’aime encore le silence et son repos ne m’est plus loisible.

Faire

Ce soir au télé­phone, je fai­sais val­oir auprès d’Ap­lo que par­fois pen­dant dix min­utes je cesse de remuer. Ou plutôt de faire. Je cesse de « faire ». Enfin j’es­saie. Car je ne tiens pas deux min­utes. Le vide appa­raît, je le comble. Cela fatigue. Immense chantier, dont j’ig­nore la rai­son et le but, qui nous fait ouvri­er de nos jours.