Logique de Russel

Bertrand Rus­sel prend la parole. Dans la salle, un chaos de chais­es. Pas un élève ne regarde dans la même direc­tion. Quelques uns tour­nent le dos au maître qui dit: “soit une carotte, soit une tomate, en rela­tion avec une autre carotte cela fait carotte-tomate-carotte”. La décep­tion se lit sur les vis­ages. Rus­sel rétorque: “oui, c’est ça la philoso­phie”. Mon impa­tience aug­mente car il ne peut me faire pass­er l’ex­a­m­en avant d’en avoir fini avec la leçon. Il me sur­prend lorsqu’il déballe le vinyle du groupe Boston dont il veut me faire cadeau. “Je l’ai aus­si ce Pic­ture-disc, lui dis-je, mais le vôtre est un 45t, c’est épatant!”. Sans tran­si­tion Rus­sel pose alors une ques­tion-piège. A laque­lle ne sachant répon­dre, je réponds: “n’y a‑t-il pas con­fu­sion? Je veux dire, n’êtes-vous pas en train de pos­er une ques­tion de philoso­phie à la fois sur le disque et sur le prob­lème carotte-tomate?”. Mon directeur de thèse approu­ve, il y a erreur. Ce que ne sem­ble pas admet­tre Rus­sel qui tire de sa tunique une petite scie cir­cu­laire. La lame mord mon vis­age, je me réveille. Pen­dant quelques sec­on­des, je ressens une douleur à la lèvre. Je me ren­dors. Rus­sel dit: “Vous voilà! Reprenons l’ex­a­m­en!”. Il enfonce une curette de den­tiste dans ma bouche pour grat­ter mes dents. Je me réveille, pour chas­s­er la douleur je passe la langue sur les dents.