Les Ukrainiens, hommes jeunes et mûrs en pyjama gris avec des baskets de science-fiction, femmes jeunes et moins jeunes en pyjama rose avec des bottes de prostituées, quant aux aïeux (la plupart accueilli par leur progéniture réfugiée), ils semblent sortis d’une séquence sur la vie paysanne à l’époque des films de propagande des sovkhozes. Mais Xam est enfin arrivé! Cheveux en brosse, bomber kaki, le pas alerte. Ensemble nous traversons le damier du parking et démarrons pour Sesena, dans la direction de Tolède. Arrivé devant l’hôtel, bâtiment sur un giratoire au milieu des friches, Xam remarque “c’est un quatre étoiles”. Il est vrai que le village, à quelques encâblures, évoque le restant de la colère des dieux avec ses usines abandonnées ou cassées, ses maisons badigeonnées à la chaux et ses urbanisations closes. Avant de pénétrer dans l’établissement Cervantes, j’ouvre le frigidaire du van, en tire un litre de Skol, je lui passe un cannette Cardinal, saisis une cannette Feldschlössen, je le sers, je me sers et nous nous présentons à la réception avec à la main chacun une belle cannette pleine de bière.