Sur la place d’Agrabuey, devant les anciennes écoles, autour de la fontaine à la pancarte “eau non traitée”. Il va être minuit et personne ne sait si, après deux jours de discussion, il a été possible de reprogrammer la cloche municipale pour qu’elle sonne exceptionnellement en dehors de l’horaire 8h00-22h00. Jésus dont la maison est là ouvre les portières de sa voiture et monte le volume de la radio. Nous sommes maintenant en direct de la Place majeure de Madrid. Gal et moi avons chacun apporté notre grappe de raisin. Voyant qu’il s’agit une grappe et non de douze grains séparés Patricia me l’arrache des mains, la jette et me donne douze grains. Or, c’est précisément parce que je suis peu enclin à avaler douze grains de raisin au rythme des douze coups de cloche que j’avais choisi la grappe. Le rite c’est bien, ne pas s’étouffer c’est mieux. La cloche sonne un premier coup. A la radio — au village rien. Au troisième grain, je jette un oeil alentour et met les autres grains dans la poche. Au dernier coup de cloche tous les voisins s’embrassent. Alors des hommes demi-nus coiffés de toques de fourrure, des touristes d’un week-end, paraissent sur la place et entament une danse.