Au moment de me coucher toujours je me dis: voilà, la mascarade du jour touche à sa fin, le bonheur commence et si je veux, lorsque la lumière reviendra, je pourrai refermer les yeux, gagner un peu de temps.
Mois : septembre 2023
Grippe 2023
Mes voisins de la rue Victor Hugo, tous deux retraités des chemins de fer hongrois et paroissiens de Lehel dans le district XIII, un couple que je croise les mardis au petit bar du marché, ne donnaient plus signe de vie depuis huit jour (c’est elle que j’ai d’abord connu en décembre dernier lorsque je m’intéressais aux sculptures des anges de l’église — des horreurs en plâtre bariolé — pour un essai sur la représentation de l’invisible). Ce matin, je suis au petit bar que nous fréquentons tous. Soudain, je me penche par-dessus la balustrade sur la fosse aux légumes et du côté des vendeurs vietnamiens l’aperçois, lui, un masque en travers du visage, occupé à acheter des fiasques de vodka. Je dévale l’escalier, je vais à sa rencontre. Il fait un pas de retrait. “J’ai le Covid”. Ah, lui dis-je, mais tu as quoi exactement?. “Rien, aucun symptôme”. Mais alors, lui fais-je, comment sais-tu que tu as le Covid?”. Aletta nous teste chaque matin. Pauvres Csanád et Aletta, quatre fois vaccinés! Au fond, avec cette merde, c’est comme pour Dieu, il n’y a que les croyants qui l’attrapent.
Terre
Première récolte de patates sur le terrain de Piedralma. Demi-réussite. L’important était d’essayer. La fausse-grippe mondialiste, au-delà du crime, aura eu cette minuscule vertu, accélérer l’agenda de disparition des gens qui, comme moi, honnissent la société d’Etat. Et comment sont les patates? Moyennes. Petites même. Certaines, pas plus grosses qu’une cerise. J’exagère: il y en a aussi qui remplissent la paume de la main. Bref, nous avons fait poussé des patates! Evola a fait mieux, il a des poireaux, des coeurs-de-boeuf et du chanvre. Bref, le travail est amorcé. Progrès suit.
Régime
Prisonnier d’un effondrement général dans le mou, l’indistinct, le vulgaire sous la commande d’une élite de pacotille qui, tel un receleur, impose à la société d’Occident un régime qui amène les êtres à se quitter, se morfondre, se renier (régime de séparation, d’abandon, de reniement qui lui permet de s’affirmer, elle, cette pacotille, dans la splendide médiocrité de sa domination monétaire).
Cornavin
Au camping de Muntelier — ce matin, forte pluie sur le lac de Morat. Dès que je coulisse la porte du van j’entre dans la boue. Le ciel gronde, je vais aux douches, les feuillages crépite, je démarre. Sous le sole pleureur, abritée sous les pédalos une famille. Elle est arrivée la veille. Les parents ont dormi dans le coffre de la Dacia, les gosses dans une tente de toit. Tous ruissellent. La famille décampe. Un haussement d’épaules, signe que je compatis, je salue et j’accélère. A Neuchâtel, je livre à ma fille Luv l’alimentation que je lui ai prise en Bavière (parmesan florentin, tapenade grecque, dentifrice quadrichromie, tomates sèches, de l’huile, des noix et une boîte de vitamines au magnésium qui est… vide — le contenu volé avant l’achat) et prends la route pour Genève. Cornavin, place de la Gare, je plonge dans le parking souterrain, me faufile, avance et recule, hésite à ressortir, manœuvre. A la boutique Bucherer, de l’autre côté du Pont du Mont-Blanc, Aplo me reçoit en costume et cravate. J’ai fait un effort, j’ai passé une chemise (lors de ma dernière visite à mon fils dans la Bahnhofstrasse de Zurich, en Bermudes, chaussé de godillots, j’avais devant les vitrines de montres l’allure d’un clochard. Aujourd’hui je suis détrempé.) Aplo me présente aux collègues qui tiennent les cinq étages de la boutique, jeunes hommes et jeunes femmes polis, bien mis, en plis. A la pause de midi, plongée dans un nouveau souterrain, celui des Cygnes, devant Cornavin, souterrain à la Piranèse blanc fluoré qui fait centre commercial et supermarché. Aplo scanne du Gruyères et de la saucisse au choux (destination Espagne) et notre pique-nique. Mais où manger? Il pleut. Il pleut fort. Puis le mobilier urbain répressif de Genève a disparu. Il n’y a plus rien. Plus de banc, plus d’appui, plus d’auvent — du moins autour de la Gare. Que des vociférants, des nègres, des allumés, des demi-aisés, des frontaliers, des faux Suisses et des artistes de l’assistance et des touristes du Golfe. Ainsi va Genève. A la fin nous retournons au parking, mouillés et suant nous mangeons nos sandwichs dans le van. Puis je prends la route pour Annecy et Grenoble, Valence, Montpellier. La pluie s’arrête. A vingt-et-une heures, je me gare dans un bois, derrière une aire de repos, entre Toulouse et Tarbes, j’occulte le vitrage, je dors.