Débloqué un vélo de rue pour explorer les quartiers situés au Nord-est de Buda derrière la Place des Héros et le zoo. J’ai trouvé là le décor de mon prochain récit, un chaos de bâtiments administratifs communistes envahis par les herbes, des stations de lavage autos qui transpirent des tonnes de mousse et des campements gitans creusés dans des décharges mais surtout, garé sur une voie de chemin de fer qui servait à approvisionnait la ville en charbon (via la gare centrale de Nyugati pályaudvar) un convoi devenu hospice de nuit pour clochards, longue théorie de cabines borgnes où pend du linge et des nourritures. Plus loin, monté le vélo sur un escalier en colimaçon de trois étages condamné (une erreur d’architecte); j’aboutis devant la glissière d’une double-voie sur pont qui domine le grand-huit en bois de l’actuel (ou de l’ancien?) lunapark et une montagne cartonnée de la taille des Buttes Chaumont. Je roule le vélo avec une alarme en poche: toutes les 25 minutes la sonnerie se déclenche. Alors, je me mets en quête d’une station. Je rends le vélo, j’en prends un autre. Ainsi, je ne paie rien — les trente premières minutes de location sont gratuites. Puis je m’aperçois qu’il suffit d’arrêter le vélo sur place, de le refermer le cadenas électronique, de patienter quelques minutes puis de prendre un nouveau contrat. Sauf que ce district 14 me plaît tant avec sa centrale de police en friches, ces lots de villas protégés de hauts grillages modèle prison, ces buffets chinois sans personnel ni clients ou encore ses bars en cave devant lesquels titubent les ouvriers (l’un d’entre eux fait la révérence et parle au trottoir) que je laisse filer le temps et fini par devoir débourser 3000 HUF.