Bernanos

Ecrit dans Les grands cimetières sous la lune: “L’homme est naturelle­ment résigné. L’homme mod­erne plus que les autres en rai­son de l’ex­trême soli­tude où le laisse une société qui ne con­naît plus guère entre les êtres que des rap­ports d’ar­gent. Mais nous auri­ons tort de croire que cette résig­na­tion en fait un ani­mal inof­fen­sif. Elle con­cen­tre en lui tous les poi­sons qui le ren­dent disponible le moment venu pour toute espèce de vio­lence. Le peu­ple des démoc­ra­ties n’est qu’une foule, une foule per­pétuelle­ment tenue en haleine par l’O­ra­teur invis­i­ble, les voix venues de tous les coins de la terre, les voix qui la pren­nent aux entrailles, d’au­tant plus puis­sante sur ses nerfs qu’elles s’ap­pliquent à par­ler le lan­gage même de ses désirs, de ses haines, de ses terreurs.”