Mahon

Qua­torze pas­sagers à bord de l’air­bus Genève-Minorque. Il pleut au départ, il pleut à l’at­ter­ris­sage. Côté espag­nol, en sor­tie d’aéro­port, des Sud-Améri­cains vêtus de com­bi­naisons Tch­er­nobyl scan­nent nos codes de malades-bien por­tants, puis c’est le silence: bâti­ments récurés, rideaux de fer, cafe­te­rias éteintes, tables sous linceuls. Une cou­sine de Naypyi­daw, la ville bir­mane sans humains. Il est vrai qu’il n’est que dix heures, que la pluie et la sai­son, et la crise… Un taxi nous con­duit à Es Castells, anci­enne ville de gar­ni­son au débouché du port de Mahon. Les rues et les immeubles sont aveu­gles, les gira­toires courts et luisants, il y a de généreux palmiers, des murs de pierre ances­traux divisent les prés d’herbe. L’hô­tel trou­vé, il est élec­tron­ique (j’ai réservé en ligne). Un code pour déblo­quer la porte d’en­trée, un autre pour déblo­quer la porte de la cham­bre, un troisième pour déblo­quer les deux pre­miers. “Il vous sera envoyé par Wat­t’s­app au plus vite” explique la femme de ménage mol­dave, l’u­nique respon­s­able du Vic­tori. Cette aimable Mol­dave fait office de secré­taire, de garde, de ser­vice d’é­tage et de con­seil­lère et comme Gala se prénomme Gala. Nous prenons le café et du pain à la tomate chez la famille qui tient la boulan­gerie du quarti­er. Nous nous met­tons au lit, nous dormons.