Que l’industrie dans la forme caricaturale de l’usine prive l’individu de son métier et de sa morale, les manuels d’histoire nous le répètent à l’envi, mais en même temps qu’ils stigmatisent cette perte d’humanité, ils vantent son dépassement dans la nouvelle société des loisirs, préventive, équitable, aux intérêts mutualisés, aux idéaux communs. Or, ce que révèle la crise sanitaire orchestrée par les chefs mondiaux de l’industrie que leur propre “usine mentale” a privé de morale et d’humanité, c’est que nul ne sort indemne de l’industrialisation de l’esprit. La peur infantile des populations du bloc Nord, le sauve-qui-peut angoissé des mieux éduqués, l’inféodation pathologique au pouvoir et plus que tout l’exigence masochiste d’ordres montrent que l’individu fait mais ne sait plus ce qu’il fait, veut mais ne sait pas ce qu’il veut, est, mais ne sait qui il est. De là que, à la moindre secousse — nommément le théâtre sanitaire — il se tienne apeuré devant son drame.