La femme avec laquelle je viens de passer la nuit ce matin est double. Elle apparaît ici et là. L’une a le caractère perfide, l’autre le caractère joyeux. Mais il y a plus urgent, partir pour Budapest en train. Dans la file qui mène au guichet, trop de monde. Je gagne des places et me poste devant un comptoir de nourriture. “Un billet pour Budapest!”. Le cuisinier me répond: “il n’est servi qu’avec le goulash au riz”. Je commande le plat. Lorsque la louche du cuisinier s’enfonce dans la montagne de riz, je fais : “pas de riz sans ananas?”. “Non, répond l’homme, ici les étudiant aiment l’ananas”. Le billet de train en main, je jette le goulash et monte dans ma voiture. Roule en direction des montagnes, entre dans un tunnel. La piste sur laquelle je conduis est surmontée de panneaux “sens interdit”. Je freine. Un autre véhicule me précède. J’accélère, je le suis. Au débouché du tunnel, je me trouve en altitude vêtu d’une combinaison spatiale. Sur la gauche, une mosquée. Sa tour a été transformée en fusée. J’explore le lieu. Il est entouré de précipices. Or, il y a de la neige au sol. Monté sur skis, le vide m’attire, je risque la chute. Je déchausse, cache les lattes sous un buisson, comprends alors que je suis prisonnier et me résigne à la visite des monuments de la montagne : la tour-fusée, la basilique magyare, le musée des soldats morts.