Ce mois de janvier, parmi les tâches professionnelles, obligatoires, quelques rendez-vous, certains travaillés depuis des années, et qui enfin tombent, que j’inscris au calendrier, pour lesquels je me prépare, pour lesquels je rentre en Suisse. Cette fois, peu avant la date, je m’interroge: “que va-t-on exiger au nom de la folie sanitaire? Que je me pique, que je me teste, que je me numérise?” Je demande. On me répond: ne venez pas, nous ferons cela en ligne. Les interlocuteurs ne peuvent savoir que je parcoure 1200 kilomètres pour les rencontrer. Trop tard, j’y suis, je suis à Lausanne — matériellement. Alors je me mets en quête d’un ordinateur, vérifie son fonctionnement, installe une chaise, préviens l’employé: “le lendemain, tandis que je ferai mon exposé, que l’on ne me dérange pas”. Me prépare une fois encore à dire, vendre, convaincre et à la fin je me couche. Le matin, un des employés me réveille affolé: “vite! tout le monde est là!”. Où? En ligne. Je suis en culottes, j’ai la gueule de bois, je soupire. Aussitôt me requinque: “ils se trompent, le rendez-vous est à 14h00!”. L’employé bat en retraite. Au téléphone, je l’entends expliquer: “vous vous trompez, c’est à 14h00.”. Une fois débarbouillé et remis, je vois que l’erreur est mienne. Nous sommes le jeudi 27, il est dix heures un quart et nous avions rendez-vous ce même jour à dix heures, ce que confirme une ligne de caractères en pattes de mouche en haut à gauche du programme de visio-conférence: “créneau 10h00-11h00”. Si personne ne s’est avisé de me le dire — je parle d’interlocuteurs que je n’ai jamais vu — c’est que le programme l’énonce clairement, en haut à gauche de l’écran, en caractères pattes de mouches — il suffisait de consulter le programme.