A la sortie du tunnel du Somport côté français, il neige. Une Lodgy lambine sous les panneaux “respecter les distances”, “ralentissez” et “90km/h”, c’est à mon tour de ralentir, j’entame la descente sur les freins. Heureusement, au-dessus de la Gave-d’Aspe la neige se fond en pluie. Elle est remplacée par des brouillards dansants et des trombes d’eau. Six heures de conduite pour atteindre l’hôtel automatique Brit de Sète, plus déprimant que jamais ce dimanche. Seul hangar éclairé dans la zone, une boulangerie rapide. Je traverse les giratoires, marche sur la piste cyclable, passe un talus, passe un masque, désigne à une vendeuse coiffée d’un galurin publicitaire une salade au poulet dans son bol plastique, glisse un billet de dix Euros dans la machine, récupère cinq sous, regagne la chambre sans fenêtre, ouvre un litre de bière, m’allonge sur le lit, allume l’écran, consulte l’heure — si je veux éviter de m’endormir et risquer ensuite l’insomnie, il faut tenir plusieurs heures devant des émissions.