Au pied des pistes en ce jour de veille des fêtes. Luv admire l’immeuble couleur rouille qui sert de bâtiment unique à la station. Taillé comme une montagne alpine, il est en tôle ondulée et pourvu de balcons de vitre afin que la neige glisse sur la façade. En partie basse, la galerie commerçante — cette utopie des années Baudrillard — est à l’abandon. La plupart des télésièges roulent. Comme chaque année, le garage Francisco de Puente montre son nouveau modèle Ford. Il trône tel un bonbon géant au milieu des skieurs, sur un piédestal de velours. Nous prenons de la bière au bar, sortons sur la terrasse. Les employés de la station démarrent la déneigeuse. Des trombes blanches sont évacuées par les airs contre un grand sapin. Les collègues du machiniste apportent des tables, des chaises, des poubelles. La saison débute demain avec l’arrivée attendue des familles de Saragosse et Bilbao. Pour l’instant, où que l’on regarde, on ne voit qu’un ou deux skieurs qui dévalent les pistes larges et plates. Hélas, à peine de retour à Agrabuey, le ciel se voile, les collines transpirent une drôle de grisaille qui a vite fait de retomber en pluie. L’orage marque un répit, mais dès l’aube les températures remontent, il pleut. De retour d’une excursion en raquettes, mon voisin le guide dit que la route est chargée, signe que les citadins affluent pour les vacances des Rois mais que nombre d’autres, désolés, annulent leur location. Au village, l’ambiance est différente de ce qu’elle fut ces deux dernière années; c’est presque le régime normal, voisins connus aux trajectoires connues, gîtes en attente de clients.