Ici, dans Agrabuey, j’ai atteint l’équilibre parfait. Je connais tout le monde, tout le monde me connaît. Mais je demeure mal situé, demi-anonyme, imprescriptible. Les voisins m’entretiennent, je les entretiens. De paroles d’abord, de bonne humeur ensuite. Cela à mesure et avec modestie. Parfois un surplus de générosité: alors j’invite à la maison, je cuisine, mais pour l’essentiel, je ne vais pas plus loin, ne me mêle pas de savoir ce qui pourrait être su, ne concurrence pas dans la course à l’argent ni dans l’apparence ou le somptuaire. Précisons ma facilité: je ne compte pas sur le village pour vivre, la finance vient d’ailleurs. J’ai la position la meilleure, celle qui vaut la paix, une participation amicale.