Coups de tonnerre au-dessus de Bucarest. Des éclairs de chaleur strient le gris du ciel. A nouveau, grande difficulté à trouver l’hôtel. Le Old Bucuresti. Les photographies sont trompeuses. Notre époque de marketing général abuse du grand angle. Les chambres ressemblent à des salons, les bâtiments à des buildings, les jardins à des terrains de foot. Puis il y a la fatigue. Pour entrer en Roumanie depuis Sofia, j’ai roulé sur la plus dangereuse des routes. La voie est étroite, bombée, brisée, mais rectiligne. Sur le côté, des putains gitanes, des paysans, des carcasses de voitures. Tout le monde dépasse. Le rétroviseur? A quoi bon? Le calcul de la distance? Inutile. L’anticipation? Pour les mauviettes. Ici, la conduite est une affaire d’honneur. Il faut défier la mort. Quand je peux, je me cache derrière un camion, quand c’est impossible je serre les dents. D’où cette fatigue à l’arrivée, après quatre heures d’effroi. Et la journée n’est pas finie. Maintenant que nous avons repéré l’hôtel, il s’agit de garer la Dodge. Le géomètre était amoureux. Les cases dessinées au sol sont naines. J’essaie. J’essaie encore. Je renonce. L’orage éclate. Le réceptionniste accourt avec un parapluie. Il désigne un terrain vague. “Un parking officiel”, dit-il. Je m’y rends. Une paire de Roms m’accueille. Trop heureux de me débarrasser de la voiture, je paie. Nous mangeons chez un Italien. Avec la nuit, la pluie cesse. Nous sortons: mille personnes dansent dans la rue au son de la techno, des filles a demi-nues aguichent depuis les estrades, les stroboscopes tournent. Pas de virus dans cette capitale sauf à l’hôtel où les restrictions sont appliquées à la lettre, pour les touristes, dès fois que ceux-ci se mettent en tête de critiquer le plan sanitaire de l’établissement (le délire est tout occidental). Le lendemain, Evola me réveille: “le gardien du parking menace d’appeler la police”. Les Roms, rien à voir avec le terrain vague. De passage.