Est 13

L’Al­ban­ie est la pays des voitures: des cohort­es d’ou­vri­ers les sham­pouinent, les rin­cent, les frot­tent et les ren­voient dans la cir­cu­la­tion, un chaos sans pareil. Jamais depuis le Mex­i­co et Den Pasar je n’avais vu pareil désor­dre sur les routes: pas de code, pas de lignes, pas de gira­toires ni de feux, la loi est au plus fort, le dan­ger est partout. A quoi il faut ajouter l’orgueil des con­duc­teurs prêts à se bat­tre pour la plus petite offense. Le réseau routi­er est pau­vre. De Shko­dra à Tyrana, une voie à deux pistes. Nous roulons à faible allure. Dans l’autre direc­tion, un spec­ta­cle inouï: trente-deux kilo­mètres de véhicules à l’ar­rêt, et le soleil cogne. Lorsque nous arrivons à la bifur­ca­tion, le serveur d’un café-casi­no en pâte de sucre nous ren­seigne: “une fois par année, dit-il, tous les Albanais de l’é­tranger ren­trent au pays et la plu­part arrivent en bateau à Dur­rès, cette route vient du port”. Com­bi­en de temps pour attein­dre la des­ti­na­tion? “Cela n’a aucune impor­tance, pour­suit le serveur, plus ils roulent lente­ment plus on voit leur voiture, la mon­tr­er, mon­tr­er que là-bas, de l’autre côté, ils ont réus­si, voilà ce qui compte.”