L’Albanie est la pays des voitures: des cohortes d’ouvriers les shampouinent, les rincent, les frottent et les renvoient dans la circulation, un chaos sans pareil. Jamais depuis le Mexico et Den Pasar je n’avais vu pareil désordre sur les routes: pas de code, pas de lignes, pas de giratoires ni de feux, la loi est au plus fort, le danger est partout. A quoi il faut ajouter l’orgueil des conducteurs prêts à se battre pour la plus petite offense. Le réseau routier est pauvre. De Shkodra à Tyrana, une voie à deux pistes. Nous roulons à faible allure. Dans l’autre direction, un spectacle inouï: trente-deux kilomètres de véhicules à l’arrêt, et le soleil cogne. Lorsque nous arrivons à la bifurcation, le serveur d’un café-casino en pâte de sucre nous renseigne: “une fois par année, dit-il, tous les Albanais de l’étranger rentrent au pays et la plupart arrivent en bateau à Durrès, cette route vient du port”. Combien de temps pour atteindre la destination? “Cela n’a aucune importance, poursuit le serveur, plus ils roulent lentement plus on voit leur voiture, la montrer, montrer que là-bas, de l’autre côté, ils ont réussi, voilà ce qui compte.”