A l’écran, la météo annonce : “dans 9 minutes pluie”. Je sors sur le pas de porte, les minutes passent, le ciel se couvre. J’attends, le ciel se découvre. Après le repas, je fais la sieste, me relève, m’habille. Il est dix-huit heures lorsque j’atteins le village de Canfranc au pied des Pyrénées aragonaises. Le temps de sortir le vélo du coffre, les premières gouttes tombent sur le bitume chaud. Je démarre contre la pente persuadé que l’orage va se dissoudre. A mi-hauteur, vers Riosetas, un berger se dresse sur la butte. “Change de direction si tu veux avoir l’orage derrière toi!”. Entre l’effort et le patois, je ne comprends pas. Arrivé à la douane haute, volets clos et libre passage (ce qu’il s’agissait de vérifier notre maire ayant été refoulé ces derniers jours). Grand plateau, petit braquet, je plonge vers la vallée de Bedous. Au premier virage, la pluie durcit. Un virage de plus, le vent fouette, les grêlons rebondissent, du cailloutis s’abat sur la chaussée. Je glisse à petite allure dans quelques centimètres d’eau vive. Quand je trouve le fond de la vallée, je tourne le vélo et remonte. Le soleil reparaît, le brouillard s’envole, la montagne ruisselle. Le silence est de retour. La tête baissée, les moutons recommencent à paître. Encore sept kilomètres de pente, puis de grands lacets jusqu’à Canfranc. Au village d’Agrabuey, le voisin me dit: “de la pluie! Ils en ont de la chance les Français!”.