Dans la rue je croise ce soir des habitants qui ne sont pas revenus au village depuis dix mois empêchés par les folles réglementations de quitter les villes capitales, Madrid, Barcelone, Saragosse. Personne ne tient à parler politique, l’amertume l’emporte et une certaine rage. Devant l’avenir ou en raison des frustrations récentes ? Je ne sais. Pour les plus éclairés, l’un et l’autre. Aussi, certains sont d’un grand âge: on ne mesure pas les restrictions de la même manière à vingt ans qu’à septante. Pour ceux qui font acte de confiance et adorent le pouvoir, je comprends, leurs arguments sont officiels. Pour les autres, cela s’apparente à une expérience en matière de confiscation du libre droit de déplacement mais aussi, peut-être est-ce encore plus grave, du libre droit de disposer de ses biens. Une première expérience.