En France hier par le col de Somport. Stations de ski fantômes sur le versant espagnol, café panoramique fermé au passage de frontière, longue descente à travers les pacages et les forêts sèches. J’atteins alors l’entrée du tunnel où sont postés les gendarmes. Je fais signe, ils répondent. Je fais signe que je veux leur parler, ils coulissent la porte latérale du fourgon. Non, disent-ils, mercredi ce sera une autre équipe. Bien — mais je voudrais savoir si j’aurai besoin d’un test (ne voulant pas faire ce que je ne veux pas faire, force est d’anticiper). Un certificat de travail suffira, répondent-ils, après quoi nous parlons vélo. Le plus jeune est monté ce matin sur le col. Pour faire de la conversation, je compare le versant français au versant espagnol. “Je ne suis jamais allé de l’autre côté”, avoue-t-il. Remerciements, salut, j’enfourche le vélo et commence l’ascension du retour, six cent mètres de dénivelé. Pendant les cinquante minutes de montée, je croise quatre fois la patrouille de gendarmerie. Deux fois en direction du sommet, deux fois en direction de la vallée, et chaque fois les gendarmes tendent le pouce, agitent la main, klaxonnent.