Les travaux et les jours

Plongé dans les cor­rec­tions de Sosiété. A une semaine du retour en Suisse, j’ai révisé moins de la moitié du man­u­scrit. Par moments je me force au tra­vail, à d’autres je me pré­cip­ite. Cela dépend du sen­ti­ment que j’éprou­ve devant le texte. Une vue d’ensem­ble m’est don­née, je trou­ve un rythme, alors il y a effet d’en­traîne­ment et je me félicite; lorsque je peine, cisèle, biffe, m’en­lise, je me décourage. Me vient alors l’idée que ce man­u­scrit restera impub­lié. Sim­ple sta­tis­tique. Pour seize livres sor­tis chez les édi­teurs, j’ai plus de quar­ante man­u­scrits dans mes fonds de tiroir. De grave qu’elle était, la sit­u­a­tion s’ag­grave encore; j’ig­nore si c’est général, du moins est-ce vrai pour moi. En Suisse, les édi­teurs font plus la chas­se aux sub­ven­tions qu’aux textes, c’est dire si leur audace au moment de  jeter le dévolu sur un écrivain qui n’est pas “cor­rect” est grande. A Paris, comme d’habi­tude, les édi­teurs tien­nent fer­mé le por­tillon devant la bous­cu­lade des can­di­dats. D’ailleurs je suis sans nou­velles de Naypyi­daw, Cité de l’e­space qui sort offi­cielle­ment chez B2 le 1er mai. Bref, dès demain je pour­suiv­rai les cor­rec­tions, avant d’en­voy­er, de met­tre au tiroir et de pass­er à un pro­jet neuf. Un livre sur l’esthé­tique du MMA ou Robots et Immi­grés, la suite de H+ ayant cumulé depuis 2019 des mil­liers de notes. Pour ce qui est de la vie matérielle, je suis à demeure et con­tin­ue les chantiers : pein­ture des cloi­sons que les pro­prié­taires précé­dents ont eu la drôle d’idée de recou­vrir d’un jaune pipi, vernissage de la bib­lio­thèque et tonte de l’herbe (pas de gazon, je ne sais pas com­ment on obtient un gazon). Entre l’écri­t­ure et ces chantiers, je trou­ve un moment afin de con­stru­ire une cible pour le lancer des haches. Man­quaient des planch­es de bonne épais­seur. Or, l’employé munic­i­pal à mis au rebut une par­tie des bancs de la salle de bal. Le bois est grossier, badi­geon­né de qua­tre ou cinq couch­es de pein­ture à l’huile, il n’est pas d’hi­er et a vu défil­er des généra­tions de fess­es. Il con­vient. La cible fera un mètre sur un cinquante. Je tir­erai tom­a­hawks et couteaux à une dis­tance de 5 mètres. Il s ‘agi­ra de vis­er car le jardin est petit et les envi­rons habités.