Intercepté hier par dix militaires qui tiennent un barrage sur la nationale. Le pouvoir social-communiste de Madrid a restreint une fois de plus les libertés à la veille de la Semaine-Sainte, annonce faite sur les télévisions d’Etat. J’aurais dû me douter que des déploiements auraient lieu mais isolé comme je suis, entre mes pans de montagne, reclus dans ma grange, toute prévention m’échappe. Un soldat armé d’une mitraillette m’oblige à garer la Dodge sur la piste d’urgence; il me confie à la police. Inutile de m’appesantir sur ma condition administrative: elle est anormale. Et puis, je vais faire du vélo, je suis en culotte, en maillot, donc je n’ai rien sur moi sinon la carte d’identité suisse que je prends au cas où je chuterais dans une descente, roulant seul en semaine des routes désertes et reculées (moins d’une voiture par heure). Le policier (sud-Américain), la policière (native) fouillent le véhicule, exigent des documents, des preuves de je ne sais-quoi, un permis de conduire, que je n’ai pas, une preuve de domicile, que je n’ai pas. A la fin, le gradé, pour éventer cette situation ingérable me dit: “mais enfin, vous vous promener sans téléphone portable? Il faut sortir avec votre téléphone, toujours!”.