Agrabuey

Belle pluie, fine et grise, et rare. Les oiseaux font d’autres chants, le bétail se serre con­tre les arbres. Pour par­ler quelques min­utes dans la journée, je guette les voisins à tra­vers la lucarne. Non pas que je me sente seul, mais il faut par­ler de la pluie. Dans l’après-midi, je vais rem­plir un verre d’eau à la fontaine, revient mouil­lé, ne me sèche pas, renoue avec mes cor­rec­tions, cuit une morue sur des lentilles, écoute Capra (enfin un groupe extrême et vio­lent comme j’en espère toute l’an­née) et glisse à grand peine un tapis sous mon lit dou­ble de 60 kilos con­statant qu’en ces chantiers, depuis tou­jours, j’ai deux bras là où il en faudrait qua­tre voire six.