Grande et longue, et lumineuse sortie à vélo par les petites Alpes pyrénéennes ce dimanche, précédé de gaillards qui n’hésitent pas à faire deux cent kilomètres en voiture depuis Saragosse pour s’aligner avant dispersion de la nuit sur la ligne de départ, devant l’église d’Agrabuey. Un médicament m’a fait dormir tel un loir. Puis j’ai tourné, avant de décoller, pour chauffer les jambes, le plateau de fonte du vélo statique. Le groupe s’élance. Très vite, je suis dernier. Tiens la distance. Soixante de kilomètres et cinq cols. L’humeur l’emporte: désinvolte, salace, amicale, je-m’en-foutre — rien de mieux qu’une modestie quand elle règne sur l’effort et y contribue. Quatre heures plus tard, nous avons doublé des vaches perdues sur des routes de gravier (le gel de février à défoncé les bitumes), bu aux fontaines des villages, pris un café dans une bergerie, plaisanté, sué et souffert (un peu). Aussitôt de retour dans Agrabuey, le voisin, l’avocat, met à rôtir des poulets.