Ce qui me manque le plus, le désordre. Il m’est d’un grand secours car je suis ordré. J’ai la tête ordrée — ce que j’essaie de faire entendre. De fait, le sentiment de désordre n’est jamais que l’incapacité à traiter une information à la vitesse requise. C’est d’ailleurs l’origine de l’exotisme. Dans les agences de voyage, on appelle cela le “dépaysement”. Rien ne m’insupporte plus que la densité des corps dans notre pays la Suisse, à quoi j’ajoute sa prétendue diversité — terme de laboratoire, une connerie. Si on peut le dire “de laboratoire (sans rapport en réel)”, c’est bien parce qu’il n’y a plus en Suisse, hélas, aucun désordre vital, mais une structure industrielle-légale de corps d’importation qui signent leur originalité par des costumes et des couleurs de chair.