Pour mémoire, sorties de l’été dernier : col de l’Aubisque, du Tourmalet, trois fois le Somport, deux fois l’Oroel et la Pierre-Saint-Martin, par le versant Lees-Athas.
Mois : mars 2021
An 2 (XI)
Discours de destruction de la liberté, ce soir — La France devient sous Emmanuel Macron le laboratoire européen du totalitarisme. Le dimanche 17 mai 2017, j’étais avec Gala et les enfants à Hauteluce, village montagnard de Savoie. L’individu venait d’obtenir la présidence. Aplo et moi avons posé devant l’écran de télévision; j’ai dit: “le factotum des multinationales est en place, le programme est connu”.
Aéroports fermés
Ce qui me manque le plus, le désordre. Il m’est d’un grand secours car je suis ordré. J’ai la tête ordrée — ce que j’essaie de faire entendre. De fait, le sentiment de désordre n’est jamais que l’incapacité à traiter une information à la vitesse requise. C’est d’ailleurs l’origine de l’exotisme. Dans les agences de voyage, on appelle cela le “dépaysement”. Rien ne m’insupporte plus que la densité des corps dans notre pays la Suisse, à quoi j’ajoute sa prétendue diversité — terme de laboratoire, une connerie. Si on peut le dire “de laboratoire (sans rapport en réel)”, c’est bien parce qu’il n’y a plus en Suisse, hélas, aucun désordre vital, mais une structure industrielle-légale de corps d’importation qui signent leur originalité par des costumes et des couleurs de chair.
Microcosmos
Au jardin, un coup de vent et chavire mon paquet de cacahouètes. Ce que je peux, je ramasse. Le reste est sur la pierre, mais je rassemble, fais un tas. Aussitôt de retour dans ma chaise atterrit une guêpe. Curieuse, elle fait le tour d’une cacahouète. J’observe la danse. Vois que la fève a la taille de son corps. Que cela revient à contourner un rocher. Elle y goûte. S’écarte. Et nettoie ses antennes dont je devine qu’elles sont agacées par le sel.
Mein Reset
Pour les constructions théoriques d’Hannah Arendt, écrivain que j’apprécie pour sa biographie mais aussi, mais encore — c’est le sujet — pour son Origines du Totalitarisme, je n’ai aucune sympathie lorsqu’elle prétend racheter un fonctionnaire nazifiant qui administre le régime de la terreur sous ordres (Procès Eichmann). Ici, je suis Sartrien, et radicalement. La remarque, un poncif, peut sembler anachronique ou inutile. Elle est de la plus grande actualité. La situation décrite par la philosophe juive est de recours face aux inféodations individuelles des personnes en poste dans nos gouvernements. Nos élus (pour moi, je n’ai jamais voté — anarchie) qui entendent ces jours des sirènes ont la même constance que nos anciennes girouettes de métal blanc. Ils “participent”. Changent de position. En fonction? Des vents. Il va de soi, fort maîtrisés. Organisés? Est-ce le devoir d’un élu qui accepte de représenter la population que de participer, de changer, de dire tout et son contraire? Il a un devoir. Décider. Auparavant proposer, surtout lorsque le sujet est confus et apeurant — il l’est. Dans un avenir proche, comme le justifie Hannah Arendt dans Le procès Eichmann, excuserons-nous des individus qui par respect d’une hiérarchie symbolique, internationale, auto-promue (elle est tout sauf militaire ces jours, cela se verrait) ont sacrifié notre liberté, la civilisation, bref la vie? En la circonstance, Sartre est plus consistant, cela malgré l’habituel romantisme d’apparat: “libre” dit par exemple le romancier dans Le Mur, “on l’est aussi longtemps que l’on pense et agit en conscience”.