Le village est de glace. Rues lissées par le gel, pavés luisants, toits blanchis. Les visiteurs de Saragosse sont repartis. Fin de la fête. An neuf. Silence profond. La route est fermée: depuis vendredi le chasse-neige ne déblaie plus le col. Au sortir de la nuit, je me maintiens entre les draps, retardant mon lever — midi. Déjeune, puis retourne à mon roman picaresque. Merveilles des équilibres naturels, en ce début d’après-midi, alors que je tire une chaise de teck sur la pelouse enneigée pour profiter du soleil pendant l’écriture, l’oiseau à poitrine orange pique le pain émietté devant mon pied. Je siffle, il répond. Il siffle, je réponds. Sauf quand j’avance un chapitre tortueux. Car il faut alors un tantinet de concentration.