Si je me suis aperçu que j’étais jeune, c’est à trente-cinq ans. Auparavant, j’étais trop occupé des difficultés de l’existence. Le sentiment que l’énergie du corps permettait toutes les ambitions de l’esprit est apparu alors, quand la plupart des amis s’étaient défaits par combustion, force naturelle, sauvagerie de cette énergie qui est la jeunesse. Avec le début de recul que permet l’aujourd’hui, je trouve la nature bien faite: si l’énergie du corps montait à l’esprit travaillé — autour de 40 ans — avec l’effervescence de la jeunesse, nous aurions un monde entièrement instable, tirant par le jeu des excitations à la fois vers le paradis et vers l’enfer.